- Divers (71)
Superskyman
Too high is never too much
Il fait froid sur ces cailloux. A 3000 mètres de moyenne, au soleil, passe encore. Mais une fois les rayons au repos, le givre envahi les intérieurs, le matin au réveil les fenêtres filtrent une lumière diffuse, elles en sont couvertes.
Sur notre chemin, j'ai passé le temple de Ganesh, un simple petit abri de pierre, juché le long du sentier, quelques centimètres de haut, une veille relique en son fond, j'y ai vue dessinée la statue du Dieu éléphant, dansant au pas du Ramayana. Il m'attendait là.
Les paysages sont superbes, lorsque l'on peut s'oublier. Des montées terroristes coupent les jambes, des descentes interminables atomisent nos articulations. La récompense n'en est que meilleure.
Nous ne sommes pas encore au printemps, mais peu à peu les arbres fleurissent. Hier, un pommier peut-être, est sorti du lot des forêts encore maussades. Mais quelles forêts, quels chemins ! Peu après, nous avons profité des clémentines, c'est leur saison... justes délicieuses, cueillies à la source, et à l'ancienne, madame nous la vend 5 roupies l'unité et va les chercher grimpante dans l'arbre...
Là j'entends le bruit des rapides, l'eau est ici abondance, lorsqu'elle ne passe pas par la main de l'homme, encore gelée. Partout on la voit, ici une cascade, là un filet, là-bas un robinet grand ouvert. Laisser les flux librement s'écouler, sous peine de les voir figer un reste d'hiver...
Les rizières sont elles encore sèches. Ces cultures en plateaux, tout du long, encore sombres de terres gelées. Elles attendent leur heure verdoyante, pour une saison encore nourrir ces montagnes, et d'autres encore. Les paysans traînent leurs charrues, et leurs boeufs nonchalants remuent ces terres encore dures, les préparent aux floraisons.
Loin des routes, des villages ensoleillés nous gratifient d'accueils mémoriels, ici un mariage, là les enfants.
Nous sommes encore loin des régions Tibétaines, mais approchons, les architectures devraient peu à peu changer de forme, le bouddhisme de souche devrait reprendre ses droits sur les mélanges animistes d'ici, les couleurs devraient migrer.
Enfin voilà.
Dans le sens des aiguilles d'une montre nous tournons donc en rond, autour de ces Annapurnas sacrés, tels ces moines envers leurs stupas. Les hauts et bas incessants de sous nos pieds sont leurs moulins à prière, et nous font tourner la tête.