- Divers (71)
Superskyman
Erratum Eraserum
Non que je veuille me désavouer, mais il faut bien dire qu'il y a des jours - ou plutôt des états - où je frise la paquerette printanière. Et l'humeur de mes états, et bien, je la partage ici aussi... ;)
Après tout, il en faut bien pour un peu tous les goûts ! Car comme dirait une ex. girlfriend Croate « on peut pas bouffer du goulash tous les jours ». Certes, un peu mytho l'ex. venue de l'Est, un peu infidèle aussi, forcément, mais unique dans son genre... Et la sentence contient cette once de sagesse tautologique qu'il convient de relever.
Alors oui, mes observations se révèlent parfois drues pour la gente féministe bourgeoise, anachroniques pour la raviole fan du club Louis XIV, hérétiques pour quelque caste fanatique... mais sachez qu'elles s'exercent toujours dans un pur souci déontologique : parfaite intégrité, recoupement des faits, analyse contextuelle, puissante acuité, ultime objectivité...
Alors à vos cerveaux les intellos, accrochez vos ceintures.. et laissez les choses s'écouler librement, vos neurones bien confortablement installés, décontractés du gland.
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Aujourd'hui 01 Mai, je traverse la frontière.
La Thaïlande c'est fini, pour un temps du moins... et çà me manque déjà... Ici pas de guerres saintes, fatwas, enfers, et supplices éternels en tous genres, mais la paix ; d'avancer, tranquillement, depuis notre imparfaite condition vers le Nirvana. Cà peut quand même prendre quelques vies hein, mais au moins on se donne le temps, on se met pas de pression inutile...
Il y a peu, dans un petit resto ouvert sur la nature, je me disais donc que la magie Thaïlandaise existe avant tout par la grâce de son esprit : hors du dogme obscur, on comprend, sans juger, bien au chaud, dans l'intelligence bénie des Dieux... Et sur ce, comme une confirmation signalétique de Dame Nature, un ange passe, sur le fil : papillon taille XXXL, un foutu mastard. Le machin déambule dans le resto comme un éléphant dans une galerie d'art, les Thaïs le remarquent à peine... Après tout, un papillon gros comme moi, c'est juste une image qui passe...
Une constante : la merveille au quotidien... Non que je sois perché sur ma branche, juste de me demander comment aborder mes prochains voyages... la barre est haute...
Je traverse d'ailleurs la frontière Malaise là, maintenant, et en effet, y'a comme un malaise... un cheveu dans la soupe, une couille dans le potage même, un truc qui colle pas en somme... Quoi ? Juste une légère accumulation, en l'espace de quelques instants...
Il pleut dru depuis que j'ai passé la frontière, la climatisation du bus est glaciale, je crève de froid. Censés être rapide sur la voie rapide, sauf qu'on se traîne, depuis une heure, dans une espèce d'embouteillage de rase campagne...
Dû m'y reprendre à trois fois pour passer la frontière. Les contours du plan étaient un peu flous... Je descends du bus, passe le premier poste frontière, fin de mon mandat Thaï, j'avance 500 mètres, le long de la route, claque mon tampon Malais... Et là, plus de bus, plus de touristes, plus rien. Disparus... Je retourne en Thaïlande, direction premier poste, rien, je demande, on m'envoie bouler, puis de faire le yoyo, de trianguler ma position, sur la ligne orange du map-monde, en vain. Les bermudes c'est loin pourtant, mais rien à faire, je galère....
Finalement le bus débarque, au bout d'une demie-heure, comme une fleur. Juste deux plombes d'avance, efficace, pas habitué à prendre des billets bookés par les agences. Les touristes du bus, parqués comme des moutons, s'attendent les uns les autres... Moralité, il faut deux heures pour torcher un truc qui prend cinq minutes. Le mec du bus me dit que je dois (re)scanner mes bagages, je repasse, maugréant dans ma barbe, une troisième fois le poste-frontière...
Sitôt repartis, on fait une pause dans un hangar pourri à manger. Encore le binz, faut faire la queue là où tout le monde circule, donc tout le monde se bouscule... pour une misérable soupe limite miso... Après faut aller au comptoir n°2 introuvable pour obtenir un ticket qui donne le droit de faire une deuxième fois la queue. Dans la recherche, des relents perdus de poisson pourri, des mouches prospères... Je retourne commander mon potage pourri enfin muni du ticket de l'impossible... la muf PDG des soupes tire la gueule...
On reprend le bus 5minutes. On s'arrête à nouveau de sitôt, pause pipi... Ben c'est con cette nouvelle pause, là, parce que les toilettes font la grève... mais çà va, y'a des arbres alentours... Eux ils poussent 24/24, pas de pause sociale ou de souci technique... Pour les femmes par contre, ben y'a comme une file d'attente de douze kilomètres...
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Arrivée à Kuala Lumpur, enfin. Des tours gigantesques alentours, et des clodos plein(s) les rues. Tous les hôtels affichent complet. Je commence à m'impatienter... Pour finir par trouver un dortoir. Il est minuit, le lit est plein de puces, mais je ne le sais pas encore. Je réserve un taxi pour aller à l'aéroport : pas simple. Je descends manger, un Indien, ouf, c'est bon. Sur le retour il est tard, plus grand monde dans les rues, un proxénète patibulaire me propose sa pute... Je garde une distance raisonnable, à défaut d'être un bon client, je pourrais toujours être une bonne proie...
Intercalés dans ces galères, heureux, des beaux sourires Malais. Je me concentre dessus, fais le vide dans ma tête.... Si ce n'est déjà fait, on verra quoi vraiment penser de ce pays... sur le retour... dans un mois...
Demain je reprends l'avion, destination la France, ses Parigos têtes de veaux, et laquais de Français. Mais zut alors ! Ne devais-je pas, en guise d'introduction mea culpiniesque, redéfinir mon objectivité absolue comme quelque basse résultante d'un état d'esprit printanier ? ...