Igor Sévitch

En guise de nouvelles rives, voilà celles invisibles du Furan qui serpente dans Saint-Étienne, en sous-sol, car recouvert sur toute sa traversée de la ville. Sur une de ces rives imaginaires est amarrée la Dérive, local libertaire associatif. En m'installant tout à côté, j'allai "rallumer ma chaudière" et lier mes nouvelles et mes chansons. Ce fut en 2014 Nouvelles rives, un recueil de 7 nouvelles avec 1 CD de 7 chansons. Le recueil illustré par Kim Graine et l'enregistrement des chansons "en résidence" dans le nord de La Loire avec Michel venu de Toulouse (ingé son, arrangements...) et Robin aux percus. Kim viendra y ajouter des choeurs. La dérive stéphanoise, du nom d'un des titres et d'une des nouvelles a aussi donné deux essais rock'n roll en groupe en 2016 et 2020 puis l'envie de refaire d'autres chansons... 

Il devait faire bien moins 20 en février 2010 à Kutsuke Nove Mesto (Slovaquie). Je faisais le chansonnier français dans le cadre d'un jumelage artistique. Sans sono, en solo, au milieu des tables d'une salle des fêtes avec d'énormes néons au plafond. J'envoyais mes couplets que personne ne comprenait devant un parterre de musiciens chevronnés... Ecoles de musique gratuites, chants et instruments dès les petites classes... Une super ambiance. Et puis la Borovichka ( je suis pas sûr de l'orthographe...), l'alcool local... Des nouveaux morceaux, j'en avais plein ma besace, je les essayais... De retour à Lyon, j'enregistrai en "home-studio" (c'est à dire entre un lit et un armoire) une démo tout seul avec une pédale de boucle et un vieux PC. Parmi les titres celui-là : Le petit Besson du nom du ministre de Sarkozy, transfuge de "la gauche". Un taillage de costard électrique, distordu...

La dernière des lecture-concert avait eu lieu en avril 2009 à Rabastens dans le Tarn. Patrick forfait avait été brillamment remplacé par Jessica, une amie comédienne. On avait bien essayé le duo avec Paulo à l 'accordéon (Poligor) pour quelques dates et puis... de nouveau seul, j'accostai de nouvelles rives...

2008. Patrick était parti aux toilettes du théatre du Grand Rond à Toulouse. Avec le micro. Il continuait à lire ! Allait-il se torcher avec les pages de mon recueil qu'il déchirait à chaque lecture/concert ? Je m'échinais pendant ce temps à envoyer des boucles de sons de guitare pendant que Paulo maltraitait son accordéon. Chasse d'eau... La route du container, c'était le recueil de nouvelles publié en 2006 et illustré par le talentueux Ravachefolle... J'avais mêlé nouvelles et chansons et signé avec mes deux noms : Meunier pour les nouvelles, Sévitch pour la chanson. Je trancherai plus tard avec les polars-poèmes. Je ne pouvais pas "être deux" dans le même bouquin ! Je me faisais de l'ombre ! Les polars-poèmes de proximité toulousaine : 5 polars / 5 chansons signés Igor Sévitch.... Et sur la bande d'arrêt d'urgence de ces 3 années survoltées, j'enregistrai en 2008 dans une cabane des Pyrénées l'album No(s) racine(s) avec Paulo et Michel (l'ancien guitariste de La teigne).

"Monsieur, Monsieur, votre stylo..." me lançait le jeune étudiant derrière moi ! Je repris l'objet que j'avais laissé tombé, captivé que j'étais par S. , prof de philo de la fac du Mirail à Toulouse. Je suivais son cours sur Kant qu'il donnait en arpentant la salle de long en long sans une seule note. "La loi morale", "Le devoir", "La maxime à valeur universelle"... Ça bouillonnait dans ma tête. Le résultat fut Kant'roll, la chanson et dans l'élan tout l'album : 11 morceaux dans le mois de janvier 2006 ! Une fulgurence... J'étais tout neuf, il me fallait un nom pour montrer tout ça, cette mue... Igor Sévitch, parce qu'une partie de mes origines en Yougoslavie, parce que le "héros" de La Peau des statues s'appelait Mérevitch et pour distinguer mes chansons de mes écrits précédents signés de mon nom (en 2004 il y avait eu la publication d'Alto blues dont l'action se situait aussi au Creusot...).  

Jeannot, le batteur, tapait sur ses fûts clope au bec à quelques cm du générateur diesel qui nous refilait le jus. Nous étions sur le camion des syndicats SUD dans la manif de l'entre-deux tours des présidentielles de 2002. Marc le chanteur, beuglait des "chansons slogan" (Albert aurait été vert...), Michel et Robert tenaient les guitares, moi la basse... On s'appelaient La teigne et ça faisait quelques années qu'on pratiquaient ce sport : la chanson de meeting et/ou de manif... J'ai bien essayé d'y placer d'autres textes mais la ligne c'est la ligne... Alors j'ai écrit dans mon coin et curieusement, c'est après la publication de mon premier bouquin (La Peau des statues) que l'envie de creuser le style "chansons" m'est venu... Igor Sévitch était en gestation là...

Banlieue toulousaine. Victor, bassiste réputé et prof de basse dans une école de "musique vivante" de la ville réglait ma vieille Morris de l'époque Virus. Je regardais sa piscine en fumant une clope au milieu de ses copines... ou l'inverse... Le voilà  revenu, toujours en peignoir avec "Ma Morris". Il l'avait super réglée, limé les frettes et... proposa de me la racheter ! N'en ayant pas d'autres, je refusai. Après Victor, il y aura Joël (réputé aussi...) et un dernier dans une MJC dont j'ai oublié le nom et qui fut pourtant le meilleur... Un peu de cours de chant dans la même école et me voilà fin prêt pour refaire du groupe... D'autant que j'avais investi dans une Fender Jazz bass, certes mexicaine mais fantastique à jouer... La Morris, je l'ai gardée, puis donnée à mon pote Le Momo en quittant Toulouse bien plus tard. Le Momo, mort en écoutant les Bérurier au milieu du linge qui sèchait dans son salon surchauffé... en plein été ! Et merde !

Albert était un ami très bon guitariste. Je lui jouais quelques chansons de ma composition. Il fut très trash : "du contestataire trop plaqué ! ". J'étais un peu vexé, enfin beaucoup.... Mais il avait raison. Déjà dans Virus j'avais produit quelques textes du même tonneau. Albert me suggéra de raconter des histoires, de faire passer mes ressentis de "révolté primaire" plutôt comme cela. Très fan de Dylan dont il traduisait les textes, il me prit l'exemple d'une rencontre entre deux jeunes dans un abribus (un clodo et une jeune fille...). Voila une situation propice à faire passer des trucs... Je m'en souviendrai des années plus tard, en 2006, en écrivant "Visite à Bob".  https://www.jamendo.com/track/1307394/visite-a-bob

Roberto et moi. Virus réduit au minimum associatif : le duo.

Pas de concert mais des répets et des enregistrements. Déjà en 79, le concert de la MJC fut enregistré. On voit sur une photo, notre pote Marc qui surveille un gigantesque magnéto à bandes...  https://my.zikinf.com/igorsevitch/photos/

Je ne sais pas où sont passées ces bandes pendant que le couloir du temps gobait nos vies... 

Du duo avec Roberto, il me reste une bande et une cassette de répets. Numériser tout ça ? Hum...

Montchanin-les-Mines (Saône-et-Loire).  Ça s'appelait Virus. C'était du folk rock punkifié en ces temps de colères ouvrières, 1979... J'étais chanteur guitariste rythmique (celui avec la guitare sèche). Roberto, guitariste, m'avait mis sa vieille petite gratte italienne dans les pattes en appuyant sur mes phalanges pour que le son sorte bien... Philippe à la batterie et Max à la basse. C'était la première formule du groupe (voir photo d'un concert à la MJC du Creusot en 79). J'avais 17 ans. Puis Virus fut un trio : guitare basse batterie. Max et Philippe couraient le monde alors le petit frère à Roberto à repris les fûts, Roberto toujours maëstro à la guitare et je me suis mis à la basse avec le chant... Acrobatique... Voir les photos nettes et plus grandes dans la rubrique photo : https://my.zikinf.com/igorsevitch/photos/